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FANTÔMES BRETONS


Houat avec un tremblement d’Anglais à ses trousses, pour nous montrer une coque percée en manière de passe-bouillon ! Faut tout de même qu’ils aient un fameux capitaine.

— Je ne dis pas non, garçon, reprit le vieux marin ; mais, je le redis, ils ont eu une crâne chance d’avoir, à bord de ma pauvre vieille Galathée, un pilote comme ce camarade-là.

— Quel camarade ? Pour lors, dites-le-nous, patron ?

— Va le demander au recteur, le voilà qui vient par ici ; moi, je file à seule fin de remorquer une pauvre petite goëlette que j’aperçois là-bas…

— Bonjour, mes enfants, dit M. Tanguy ; il y a donc du nouveau sur la mer ? On vient de m’apprendre que la Galathée est en vue… Oui, ce doit être elle… mais dans quel état ! Pensez-vous qu’elle soit en danger ?

— Elle n’a pas l’air trop bien sur sa quille, monsieur le recteur ; mais puisqu’elle a réussi à mouiller, faut espérer que l’équipage a pu aveugler les principales voies d’eau. D’ailleurs, elle ne tire pas le canon de détresse…

— Et puis, le père Madec, qui était là tout à l’heure, nous a dit qu’il y avait à bord un fameux pilote de votre connaissance.

— Sans doute, et de la vôtre aussi, mes garçons : c’est Julien Morel, ce bon matelot, le mari de cette pauvre affligée qui s’avance vers nous, appuyée sur le bras du vieux patron.