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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


qui le soutint et l’empêcha de tomber sur le sable, tandis qu’Anna, accourue au-devant de son mari, saisissait avec anxiété le bras inerte du vieux prêtre et baignait sa main de ses larmes…………………


Il ne nous reste plus que quelques mots à ajouter pour terminer cet épisode des dernières années de la sainte existence de M. Tanguy. Et c’est assez, si du moins nous avons réussi à donner une idée des œuvres aussi grandes que peu connues de la vie modeste de ce noble apôtre. Que d’autres, au surplus, qui, retirés dans les plus humbles retraites, répandent autour d’eux sans bruit et sans renommée, des bienfaits et des exemples pareils, et qui protégent leur troupeau contre les orages du monde, comme notre pasteur-matelot arrachait le sien aux tempêtes de l’Océan.

Quelle belle vie et quelle belle mort !…

Les pêcheurs, consternés, emportèrent le prêtre évanoui. Les acclamations qu’ils avaient d’abord poussées à son retour se changèrent en gémissements. Julien était l’un des privilégiés qui portaient le mourant. Anna marchait auprès de lui, essuyant de temps à autre la sueur froide qui coulait sur le front de son père bien-aimé. La douleur était peinte sur tous les visages de ces hommes bronzés à la mer. On parlait bas, on s’interrogeait avec tristesse. Un grand malheur semblait être dans l’air et planer sur l’île.

Au presbytère, on déposa le malade sur son lit, son pauvre lit, qu’un indigent de nos jours n’eût guère trouvé supportable. Là, il reprit peu à peu connais-