Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

201
LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


ayez pitié de lui ; ayez pitié d’eux tous, ayez pitié de moi…

Alors sa voix devint entrecoupée, sa respiration lente et oppressée. Anna, au comble du désespoir, appuyait le crucifix sur les lèvres glacées du mourant. Tous les marins, remplis d’une indicible consternation, répétaient à voix basse les prières des agonisants…

Le soir était venu sur ces entrefaites, et l’ombre du crépuscule, en pénétrant dans la chambre mortuaire, augmentait encore la tristesse de ce cruel moment. Puis on entendit un sanglot, presque un cri déchirant : la femme de Julien Morel venait de tomber sans connaissance sur la terre, et l’âme du bon M. Tang était remontée dans le ciel.


Villa Saint-Guen, 7 avril 1869.