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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/206

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FANTÔMES BRETONS


ment des rafales ; c’étaient les gémissements d’un fils atterré qui répondaient à ces horribles discours…

— Ô malheur ! s’écria Franz quand les hommes se furent éloignés ; malheur sur nous ! Ô mon père infortuné, je vous vengerai !!


III

Du jour au lendemain la vie changea pour nos deux enfants. Que se passa-t-il entre le père et la fille ? Nous ne savons ; mais Martha ne vint plus seule sur la falaise et n’y vint que rarement. Sa santé s’altéra et ses forces diminuèrent. Christophe, satisfait d’avoir coupé le mal à sa guise, ne s’inquiétait pas d’autre chose, quoiqu’il aimât sa fille assurément un peu plus que sa pipe ou son matelot, et autant que sa chaloupe.

Hélas ! tout devenait noir autour du malheureux Franz. Ce n’était plus que de loin en loin que, caché dans les grottes, il apercevait un instant la frêle et pâle Martha qu’une vieille femme accompagnait, ou que Brionel traînait à sa suite quand il avait le temps, ce qui était bien rare. La veuve Lestour s’attristait aussi de voir son fils sans goût au travail, errer sur les rivages comme une âme en peine. Franz ne lui avait point fait part de sa terrible découverte et sa mère ne pouvait que faire d’inutiles conjectures. Oui, Franz errait sans cesse sur les grèves, presque inoccupé en apparence ; mais Franz guettait son heure. Il épiait, il hâtait de ses vœux, il convoitait sa vengeance !!

Un jour, avant le coucher du soleil, Martha et sa