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LE FILS DU PILLEUR


pour ses deux amies, sa mère et la petite Torte. Il travaillait, et pour quelle raison, en ce qui concerne Martha, puisque Brionel passait pour presque riche ? Non, l’ancien brigadier, vaniteux et vantard, n’avait laissé que des dettes à sa fille, et Franz, intrépide lutteur, travaillait pour les payer et pour que Martha ne sût jamais que son père était mort insolvable.

Nous n’ajouterons rien à ceci : nos pages seront bientôt épuisées… Martha mourut comme une mouette blessée sur la grève, dans les bras de la veuve du pilleur, dont le fils pleurait à leurs pieds. Elle avait aimé le malheureux Franz, il est vrai ; mais pourtant avait-elle jamais connu toute l’étendue de son dévouement ?

Ce fut la seule récompense du matelot. La seule ? Oh ! non, grâce à Dieu. La conscience de s’être dévoué jusqu’au bout et sans retour, d’avoir accompli avec intrépidité un devoir souvent amer, toujours difficile, remplit sa carrière d’assez de force et même de joie intérieure, pour qu’il lui fût possible dans la suite d’affronter les brisants de la vie sans y sombrer.


Coat-ar-Roch, janvier 1879.