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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/223

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KATEL-KOLLET


cavalier noir disparut tout-à-coup, et Katel, ne se sentant plus soutenue par le bras fatal qui l’avait brisée, tomba en râlant à son tour, vaincue, mourante, abandonnée....

Et les lourdes nuées, en se choquant au-dessus de la forêt funèbre, lançaient par intervalles sur le dôme de feuillage des traînées de feu rouge et de salpêtre blafard. Les roulements de la foudre couvrirent les derniers sons du biniou. Des torrents de pluie ruisselaient sur les pentes ; la grêle crépitait incessamment sur les rochers des collines… La foule cependant s’était éloignée avec une indicible terreur de ce théâtre d’orgie et de mort. Puis il y eut un coup de tonnerre plus fort que tous les autres ; les éléments s’apaisèrent ; les bruits se turent ; les lueurs s’éteignirent, et le lugubre silence régna bientôt en maître sous la voûte sombre des bois…

Le lendemain, à l’aube du jour, on eût pu voir étendus côte à côte, sur l’herbe foulée du carrefour, deux corps inanimés ; tous deux jeunes et beaux portaient sur le visage la pâleur de la mort. Un nain noir et hideux les contemplait en ricanant. C’étaient nos deux fiancés : Salaün et Katel… Katel désormais appelée Kollet dans les souvenirs populaires ; Kollet, c’est-à-dire perdue ou damnée, à cause de son amour immodéré du plaisir et de la danse !…


Plus loin, à l’endroit où s’était tenu le terrible sonneur, l’herbe rougie et la terre brûlée portaient « l’étrange empreinte de pieds larges et fourchus… »