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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/222

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FANTÔMES BRETONS


Alors une gavotte effrénée commença sous le dôme resplendissant. Peu de danseurs osèrent y prendre part, malgré le vin et l’hydromel qui circulaient sans cesse. Ils s’arrêtèrent bientôt sous le poids d’une fatigue étrange ; mais Katel, heureuse et fière, volait comme une fille des airs et semblait défier son cavalier… Et la musique allait toujours plus stridente ; le branle infernal toujours plus rapide, plus affolé… et le nain noir ricanait de plus en plus…


IV

Combien de temps cette danse horrible dura-t-elle ?… Nous ne saurions vous le dire. Katel commençait à donner quelques signes de lassitude. Elle regardait, non sans effroi, en passant, la gueule béante du serpent qui vomissait alors une vraie musique de damnés, interminable comme les supplices éternels… Pourtant elle essayait encore de frapper la terre de ses pieds impatients et se laissait emporter dans ce tourbillon de plaisir et d’ivresse… Bientôt il lui sembla que le lustre éclatant tournoyait au-dessus de sa tête ; la peur la saisit et elle fit d’inutiles efforts pour échapper à l’étreinte cruelle de celui qui l’entraînait d’une main de fer.

— Allons, allons, la belle fille, criait le danseur impitoyable, la pelouse est plus lisse, la lumière plus belle, la musique plus enivrante !

Et Katel, haletante, rassembla ses dernières forces à ces mots. Elle bondit encore une fois, comme une biche blessée, dans un tournoiement fantastique. Le