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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/230

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FANTÔMES BRETONS


plus songer à cela. Je ferai pour ton père tout ce que je pourrai ; maintenant, allons à son secours ; veux-tu nous suivre ?

— Oh ! pour sûr, que je veux… On disait bien l’autre jour que vous étiez bon, vous…

Ils arrivèrent bientôt sur la grève, à un endroit qui, lorsque le temps était beau, offrait un petit port de refuge assez praticable ; mais la mer, en ce moment, était grosse et houleuse, la nuit sombre, le vent violent à l’ouest. Pourtant, la tempête n’éclatait pas encore : autrement le bâtiment signalé se perdait sans rémission, corps et biens. Marguerite ne doutait point que ce ne fût le lougre de son père ; elle priait ardemment, en considérant avec angoisse le ciel et la mer ; puis elle montait sur les rochers et en descendait à chaque instant, afin de mieux voir la situation du navire, qui se rapprochait sensiblement de minute en minute.

Deux ou trois autres marins du bourg de Groix venaient aussi d’arriver sur les lieux, et disaient entre eux que le chasse-marée aurait fait côte avant une demi-heure, à moins d’un miracle, parce qu’au milieu d’une nuit si noire, il était impossible de s’orienter de manière à trouver l’entrée de la petite baie.

— On a bien fait d’allumer le signal dans la tour, dit l’un des marins.

— Le signal de Lok-Maria ne suffit pas, m’est avis, dit Jacques, pour bien s’orienter dans les ténèbres, par un temps de pluie, comme ce soir, que l’on ne peut distinguer le phare de Port-Louis ; il faudrait un autre feu, là, en avant des récifs, sur ce gros rocher…