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FANTÔMES BRETONS


tout saisi d’une vague douleur et d’un regret que vous ne sauriez définir.

Tel est l’aspect des ruines de la chapelle de Coat-ar-Roch (Bois de la Roche). Leur triste histoire tiendra en peu de lignes. Puisse-t-elle, si petite qu’elle soit, devenir, à l’occasion, pour quelque chrétien, un encouragement à relever ou restaurer les ruines d’une de ces chapelles oubliées depuis trop longtemps !

Cela nous rappelle ce bon vieillard, dont parle Walter Scott, qui, animé d’un zèle touchant, vivait sans cesse au milieu des tombeaux, et employait ses derniers jours, un ciseau à la main, à retracer sur des pierres funéraires les noms des héros presbytériens morts en combattant pour leur croyance…

Mais revenons à notre tradition populaire. Je ne dirai pas, comme nos bardes bretons : « Il y a mille ans et plus » ; c’était tout simplement du temps de la grande Révolution. La chapelle faisait partie des dépendances du manoir de Coat-ar-Roch. Aujourd’hui, le manoir a disparu comme la chapelle, ou du moins, ce qui reste a été transformé en une maison, d’un triste aspect, à cause de ses grandes fenêtres presque sans carreaux et de ses murs lézardés, tout couverts d’un sombre manteau de lierre.

À la mort du pauvre gentilhomme qui habitait Coat-ar-Roch (vers 1789), son domaine fut vendu, conformément à ses dernières volontés. Il ne laissait point d’enfants, et avait employé de son vivant la plus grande partie de sa modique fortune en aumônes.

Un riche marchand de fil de Landivisiau acheta le