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FANTÔMES BRETONS


s’échappa de la poitrine de Brigitte. Ce cri vibra sous les voûtes comme un écho funèbre ; et, au même instant, soit qu’il eût perdu l’équilibre sous l’empire d’un effroi subit, soit qu’un barreau de l’échelle se fût rompu, le profanateur tomba sur le pavé, où il demeura privé de sentiment.

La sœur de Penvern vola seule au secours du blessé, car le jeune paysan s’était enfui frappé d’épouvante. Elle alla aussitôt puiser de l’eau à la fontaine voisine et réussit à ranimer le malheureux, qui s’était brisé l’épaule dans sa chute.

— Que Dieu vous assiste ! dit Brigitte en reconduisant le charpentier jusqu’au village. Vous souffrez beaucoup, mais songez que, sans la protection de saint Roch, dont vous vouliez abattre la demeure, vous deviez vous tuer en tombant de si haut sur les dalles.

— Peut-être, murmura le blessé en gémissant.

— Prenez confiance, reprit la bonne Brigitte : saint Roch, qui a porté remède à tant de maux et de blessures, vous guérira sans doute. Tenez, voici quelque argent. Je reviendrai vous voir demain.

— Quoi ! s’écria le charpentier, vous êtes la sœur de l’avare Falloc’h et vous êtes si bonne ! Vous avez tant de pitié des pauvres gens !… Mon ouvrier croyait voir un ange au pied de la statue ; je vois bien qu’il avait raison… Dites à Penvern qu’il en cherche d’autres pour sa maudite besogne ; car si j’en réchappe, que Dieu me punisse de mort, si je touche jamais à cette chapelle !