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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/49

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LA CHAPELLE DE COAT-AR-ROCH


Ce disant, le meunier épouvanté lançait dans les ténèbres un grand coup de pied qui n’atteignait que son compère Falloc’h, occupé à se frayer un passage au milieu des broussailles, dont les épines avaient retenu l’habit du vieux poltron.

— Par tous les diables ! tu frappes comme un sourd, Furik, s’écria le marchand de fil : tu me maltraites indignement au lieu de me remercier des efforts que je fais pour nous tirer d’un mauvais pas… car, vois-tu, nous ne sommes pas dans le bon chemin… Heureusement que voici la lune qui montre sa joue rouge au dessus du Ménez.

— Pour moi, je trouve que l’aventure tourne fort mal et je voudrais bien être encore dans mon moulin. Si vous m’en croyez, Penvern, nous retournerons tout de suite.

— Non pas, non pas, l’ami ! nous avons topé, topé sur un sac de méteil : il n’y a pas à s’en dédire. Faut aller jusqu’au bout, sans quoi, l’an prochain, je te retire le bail, et adieu la farine !

Le pauvre meunier se laissa conduire vers les ruines, sur lesquelles les rayons de la lune jetaient en ce moment des reflets fantastiques. De minute en minute, de lourds nuages interceptaient toute lumière, et nos deux aventuriers se trouvaient, dans les ténèbres nocturnes, livrés à tous les fantômes que la peur faisait naître dans leur imagination.

Enfin, les voilà rendus auprès de la niche où doit se trouver la statue de saint Roch. La lune se couvre d’un voile noir ; le vent redouble ses gémissements et