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FANTÔMES BRETONS


deux vieux amis. Ils passèrent par le chemin à droite, par le chemin à gauche, trouvèrent la pierre levée et arrivèrent au moulin. Le meunier qui était bon enfant, les régala de la bonne façon, en disant qu’il connaissait notrou Griffard de réputation. Ils restèrent au moulin deux ou trois jours, mettant à sac et à sec tous les cabarets des environs, et l’argent du tonton filait, filait rondement à ce jeu-là.

Tout en causant, le meunier leur apprit que le roi Parafilando avait trois belles filles à marier, et que la plus jeune, nommée Finik, était si fine et si jolie, que rien n’y résistait. Il leur dit aussi que le vieux roi Bouzar ou sourd, n’avait plus le sou, sensé, et qu’il cherchait un gendre riche pour le tirer de presse.

— Voilà mon affaire, pensa Griffard. Pour lors Finik commença à lui trotter par la tête. Il acheta au meunier son beau costume du dimanche, avec habit bleu et bas violets, quoiqu’il fût un peu trop court pour lui ; et pour Jann Kidour il acheta celui du valet, qui était un peu trop large, vu que Jean-Chien-d’eau était maigre à faire peur.

N’importe, ainsi équipés, comme des bourgeois qui vont à la foire, ils se remirent en route et entrèrent dans la forêt, au bout de laquelle se trouvait le château de Parafilando.

Inutile de vous raconter toutes les choses surprenantes qu’ils virent dans la grande forêt et les obstacles qu’ils eurent à franchir. L’or de Griffard était puissant, puissant comme l’enfer. Avec ça on surmonte tout. Oui, quand Dieu le permet, sensé !