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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/64

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FANTÔMES BRETONS


Et en disant cela, il lança par dessus le mur une pluie de louis d’or qui tombèrent sur le pavé de la cour avec un bruit qu’on ne connaissait guère au château du roi Prêt-à-filer.

Deux ou trois valets se jetèrent dessus et se mirent à se battre en poussant des cris de forcenés, si bien que les filles du roi, et le bonhomme à leur suite, arrivèrent dans la cour pour voir ce qui causait tant de vacarme. Vous comprenez que le portail fut bientôt ouvert tout grand devant notre ami Griffard, qui vint faire un compliment bien tourné au roi Parafilando. Il est vrai que le vieux sourd n’en entendit pas un mot ; mais Finette et ses sœurs, prenant Griffard pour un prince déguisé, se chargèrent de la réponse.

Au bout d’une semaine, maître Griff, logé, bien habillé et nourri à quatre repas par jour, disait papa au roi Paraf, et mignonnes à ses filles, que c’était un plaisir. Iann Kidour commençait à engraisser et à remplir ses chausses, que c’était une bénédiction.


III

Pourtant, comme il y a une fin à tout, le sac aux écus devenait plus maigre de jour en jour, et le neveu du diable qui voulait épouser la plus brave des trois princesses, imagina de les envoyer à la porte de l’enfer demander de l’argent jaune à son oncle. Il leur en fit donc la proposition, et toutes les trois répondirent à la fois : « C’est moi, c’est moi, c’est moi qui irai la première. »