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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/65

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UNE CHAISE EN ENFER


Et elles allaient joliment se chamailler si Griffard ne les eût arrêtées à temps.

— Ta, ta, ta, calmez-vous, mignonnes, leur dit-il, en pinçant le joli menton de Finette, vous irez chacune à votre tour, mais ce soir ce sera le tour de Janie.

Janie était l’aînée et un beau brin de fille, une luronne, sensé.

— Écoutez bien, reprit Griffard. Il faudra partir une heure avant minuit et monter à cheval pour aller plus vite. Puis, à la porte de la caverne, vous verrez un joli garçon, noir comme une poêle à frire, et vous lui direz : Je viens de la part de notrou Griffard.

C’est bon. Sur le soir, passé dix heures, Janie s’en va trouver son bonhomme de père, et lui dit en criant fort :

— Prêtez-moi votre cheval Hastit qui marche comme le vent, pour aller là-bas, et je vous apporterai la richesse.

Le bonhomme aurait peut-être dû refuser, car mieux vaut pauvreté que fortune mal acquise ; mais, que voulez-vous, le pauvre vieux était pané, comme vous savez, et il donna son cheval à sa fille aînée.

Hastit partit plus vite qu’un cerf avec Janie sur son dos. Ils allaient comme la tempête ; mais au milieu d’une côte, auprès d’un gros rocher :

— Halte-là ! qui va là ? la bourse ou la vie !

— Oh ! pardon, Monsieur le voleur, dit la pauvre Janie épouvantée ; ne me tuez pas, je n’ai pas d’argent.

— Allons, descendez vite, cria le voleur d’une grosse