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FANTÔMES BRETONS


voix, et retournez chez vous. Je n’aime pas les filles qui courent la nuit.

La princesse descendit de cheval et le voleur ayant pris Hastit par la bride, chacun s’en alla de son côté.

Le lendemain matin, Janie alla trouver le seigneur Griffard et lui raconta son aventure. Le païen se mit à rire comme un sans cœur qu’il était en la traitant de poltronne. Mais jugez de l’étonnement de Janie, quand, passant auprès de l’écurie, elle vit Hastit qui mangeait tranquillement son avoine. Vous pensez qu’elle n’y comprenait rien.

— Il me faut pourtant de l’argent, dit Griffard à son ami Kidour, lequel n’y comprenait pas davantage ; et il l’envoya chercher Félicité, la cadette des filles du roi Parafilando.

Félicité dit qu’elle était prête à partir et qu’on verrait bien si elle était brave et capable de faire mieux que sa sœur aînée. Là-dessus, elle alla trouver son père, lui demanda, en criant fort, son cheval Hastit qui marchait comme le vent, et partit avant minuit.

Voilà qu’arrivée au milieu de la côte, auprès du rocher :

— Halte-là ! qui va là ? la bourse ou la vie !

— Pardon, Monsieur le voleur, dit Félicité toute tremblante, ne me tuez pas, je n’ai pas d’argent.

— C’est bon, répliqua le voleur d’une voix formidable, descendez vite et retournez à la maison ; je n’aime pas les demoiselles qui vagabondent par les chemins.