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FANTÔMES BRETONS


Bientôt on arriva à la porte rouge. Le neveu demanda au portier des nouvelles de son cher oncle. Le portier lui répondit :

— Ça va mal ! Le monde s’améliore et le métier ne va plus.

— Qu’est-ce que ça me fait ! dit Griffard ; donne-moi mon sac, il est temps que je file, car j’ai des affaires pressées.

— Ah ! ah ! fit le monstre, en lui remettant une grosse boursée. — Puis il ajouta à l’oreille du cavalier :

— M’est avis, camarade, qu’il faudra placer en enfer la petite chaise de la fillette à côté de la tienne.

— Ça ne te regarde pas, méchant drôle, dit Griffard en mettant Hastit au galop.

Huit jours après, on fit des noces superbes au château de Parafilando. Mais vu que mon père n’y fut pas invité, ni moi non plus, je ne puis vous les raconter en détail. Seulement on sait que cela dura sept jours, et que ce fut magnifique. Ah ! c’est Iann Kidour qui s’en donna une jolie poussée, et Griffard aussi. Mais voilà que, le soir de ses noces, le nouveau marié se trouvant seul un moment, son oncle entra dans sa chambre sans ouvrir la porte. Le neveu aurait bien voulu envoyer le tonton à tous les diables, mais le vieux cornu n’était pas de cet avis.

— Bonsoir, mon fils. — Bonsoir, mon oncle.

— Ainsi tu te maries, mon filleul. C’est bête, à ton âge, mais ça te regarde.

— Dépêchez-vous, mon oncle, car je n’ai pas le temps.