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UNE CHAISE EN ENFER


— Comment, tu n’as pas le temps ? Et moi qui t’apportais une jolie boursette pour mon cadeau de noces… à une petite condition…

— Ah ! fit Griffard en lorgnant le sac ; voyons, la condition. Que voulez-vous ?

— Ma part, mon fils, ma part de ta femme, sans quoi, plus d’argent !

— Partager Finette, s’écria le neveu stupéfait ; non, non, mon oncle, je ne veux pas.

— Écoute, mon fiston, dit le diable d’un air bonasse, écoute-moi sans te fâcher : pendant dix ans, Finette et toi, vous serez roi et reine, sensé, plus riche et plus heureux qu’aucun autre ; mais au bout de dix ans, il y aura une chaise de plus en enfer, à côté de la tienne, qui était forgée avant ta naissance, comme tu sais.

— Griffard réfléchit un instant, mais au bruit de la voix de Finette qui l’appelait, il tendit la main en disant :

— Topez là, mon oncle.

Le grand diable s’envola aussitôt par la cheminée ; et quand la mariée, jolie comme un cœur et toute habillée de blanc et de rose, entra dans la chambre, elle se plaignit que ça sentait la fumée et remarqua que sa chaise avait disparu. À la place, il y avait un gros sac rempli d’argent jaune.

Il est bon de vous dire que Finik n’était pas nommée Finette pour rien. La nuit de leur voyage à la caverne, elle avait entendu le monstre de portier dire que sa petite chaise serait placée en enfer à côté de celle de Griffard. Cela lui avait donné des soupçons, et à son