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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/91

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RAVAGE OU LE GARDE-CHASSE DU DIABLE


gibier d’enfer. Satan, ton maître, est donc un chasseur distingué ?

— Mais un peu, messire, reprit le garde infernal. Eh ! ne l’as-tu jamais rencontré dans tes courses ?

— Jamais, je pense, dit Robert, qui commençait à regarder le hideux compère avec une certaine inquiétude, effet de sa conscience bourrelée.

— Jamais ! tu te trompes, s’écria le suppôt de l’enfer en agitant ses ferrailles et ses os : ainsi, dans tes jours de colère, d’injustice, de rapine, c’est mon maître qui t’accompagne et qui excite lui-même la meute de tes passions. Il court, il combat, il chasse avec toi. Il est ton guide, ton génie, ta monture. Tu ne le vois pas, mais tu presses sa main, tu respires son haleine.... Ah ! c’est un habile veneur que mon maître !!! Mais ce n’est point là ce qui m’amène ici : je suis venu à ton appel pour garder tes domaines, et cela à une condition....

— Voyons, laquelle ?

— C’est que mon maître aura l’âme de tous les braconniers et maraudeurs que je prendrai en état de péché mortel, et qui seront pendus sans rémission… Et de plus....

— Achève, par la mort, achève !

— La tienne… qui, du reste, lui appartient déjà aux trois quarts.

— Oh ! oh ! voilà qui me semble un peu dur, double fripon, mon ami.... Est-ce que tu ne pourrais en rabattre ?

— Franchement, c’est difficile.... Pourtant je suis