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RAVAGE OU LE GARDE-CHASSE DU DIABLE


l’avait autorisé, ce ne serait plus voler que de prendre un fagot dont il avait d’ailleurs grand besoin. Le voilà donc à l’ouvrage.

— Halte-là, maraudeur ! cria tout à coup une voix terrible. Et notre pauvre homme vit avec épouvante comme un spectre rouge se dresser devant lui. — Suis-moi au manoir, double malandrin ; au manoir, où tu seras pendu pour avoir volé du bois.

— Pendu, dit Job ahuri ! pendu si je vole ! pendu si je ne vole pas ! c’est à confondre.

Chemin faisant, le garde au toquet rouge s’aiguisait les ongles en songeant qu’il tenait une âme de plus.

Quand ils arrivèrent près du manoir, il faisait nuit noire, mais les yeux de Ravage éclairaient la route comme deux lanternes. Alors il sonna une fanfare à réveiller les morts ; des nuées de hiboux, chauves-souris et chats-huants sortirent, en criant, des trous, des créneaux et des toits pointus.

Robert le borgne arriva dans la cour en même temps, et les valets du château s’assemblèrent pour voir ce qui allait se passer.

En reconnaissant le pauvre Job, Robert éprouva un moment de joie.

— Ah ! ah ! suppôt d’enfer, s’écria-t-il, tu as perdu la partie, car le malheureux que tu as pris est le plus saint homme de la paroisse.

— Tu mens, vociféra le limier, d’ailleurs il volait du bois.

— Non pas, non pas, reprit le sire, il en prenait