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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/96

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FANTÔMES BRETONS


avec ma permission ; je la lui ai donnée ici même, il n’y a pas une heure. Te voilà pris à ton tour et tu vas être pendu. Allons, camarades, une corde, et une solide, à pendre un diable.

Pendre un diable ! et franchement voilà du nouveau, comme disait Florange, et c’eût été une fameuse affaire ; mais hélas ! on ne sait que trop sur la terre que le diable pour encore n’a pas été pendu !

La corde de la potence fut donc passée autour du cou de maître Ravage, qui allait faire sa dernière randonnée. Son corps lançait des étincelles et trois hommes des plus forts, se mirent en train de le hisser. Oui, allez donc voir ; Ravage ne bougeait pas plus qu’un poids de dix mille. Trois autres lurons et trois autres encore vinrent tirer sur la corde. Bah ! peines perdues ! la poulie grinçait, grinçait comme trente-six damnés ; la corde cassa ; tous les pendeurs roulèrent les uns sur les autres et le mal pendu se mit à ricaner tout haut, si bien que Robert le borgne entra dans une fureur abominable et qu’il cherchait déjà le pauvre Job pour le pendre bel et bien, à la place du maudit, lorsque Job tout essoufflé s’avança au pied de la potence.

D’où venait-il si agité ? Vous allez le savoir. Le pauvre Job venait de la chapelle du château, il tenait à la main une branche de buis mouillée, et aussitôt s’approchant du démon brûlant, il l’aspergea tant et tant que la fumée empêchait de rien voir. Finalement, quand la fumée se fut dissipée, à la place où l’on avait vu la potence, la corde et le garde-chasse du diable, il