N'avait jamais porté de Sceptres légitimes,
Ce fut quelque Tyran justement malheureux
Que la nécessité rendit si généreux ;
Et qui déjà forcé de céder la victoire,
Chercha dans son débris quelque ombre de la gloire.
Non, non, quiconque estime un si hardi mépris,
Ne connaît pas d'un Sceptre et la gloire et le prix.
Enfin si quelquefois on a vu des Monarques
Quitter de leur Grandeur les éclatantes marques,
Ils ont pleuré leur faute, et pour leur châtiment
Ils s'en sont repentis dès le même moment.
Par leur aveugle erreur, le juste Ciel enseigne
Qu'il les voulut punir des fautes de leur règne ;
Et ce que l'ignorance appelle ici vertu,
Est la punition d'un Monarque abattu.
Pour moi, si doucement la Fortune me traite ;
Que je connais ma faute avant que d'être faite.
Quoi ! Pour me conserver contre un ambitieux,
Je fuirais lâchement d'un Trône glorieux ?
C'est mal sauver sa gloire à l'extrême réduite,
Que de s'imaginer la sauver par la fuite.
Quoi ! J'abandonnerais le pouvoir souverain
Qui peut seul me venger d'un sujet inhumain ?
Éprouvons une fois que la seule vengeance
Est le plus beau présent que donne la puissance.
Si le Trône en naissant me servit de berceau,