Je viens de voir vos gens de qui le grand courage
Est de votre triomphe un assuré présage,
Et je viens recevoir d'un regard de vos yeux
La force et le pouvoir de vaincre un furieux.
Mais pourquoi ce regard si triste et si sévère
Pousse-t-il contre moi comme un trait de colère ?
Craignez-vous de punir par un bras irrité
Un Prince parricide, et déjà révolté ?
Et lorsque la victoire est déjà toute prête
De fouler sous vos pieds sa criminelle tête ?
Craignez-vous le moment heureux et fortuné
Qui fait voir l'ennemi défait et ruiné ?
Ô prince ! Ô Dieux témoins d'un acte si perfide,
Oui je crains de punir un Prince parricide.
Par quels charmes puissants un Prince furieux
S'est-il rendu si tôt agréable à vos yeux ?
Par les charmes puissants de cette vertu même,
Par qui vous me gagnez, et par qui je vous aime.
Mais pour ne rien cacher parmi de si grands coups,
Si ce qu'on dit est vrai, ce coupable c'est vous.