Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/90

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Poliante

Moi !

Dynamis

Le crime étant fait, étant irrévocable,

Je voudrais pour le moins qu'un autre en fût coupable.

Enfin l'on vous a vu le poignard à la main,

D'un Roi votre allié tirer l'âme du sein.

Poliante

Non, je ne nierai point d'une bouche tremblante

Qu'on n'ait vu le poignard dans cette main sanglante.

Mais si la vérité que vous découvre un Roi

Peut seule et sans témoin mériter de la foi,

Voyez, voyez enfin ce que vous devez croire,

Et différez au moins à ruiner ma gloire.

Je passais dans un bois tout seul abandonné,

Afin de rallier le soldat étonné,

J'appelais, je criais, je faisais des reproches,

Mais je parlais en vain à d'insensibles roches.

Là je trouvai le Prince étendu sur le sang

Que jetait à grands flots et son sein et son flanc,

Et pour combler l'horreur d'une telle aventure,

J'aperçus un poignard caché dans sa blessure.

Je l'appelle, je crie, et j'invoque les Dieux,

Mais déjà le trépas avait fermé ses yeux ;