Et me contenterais de vous avoir servie.
Est-ce là la fortune et le prix éclatant
Que le crime recherche, et dont il est content ?
Ha Prince, si ma bouche était jamais contrainte
De donner à ton coeur cette mortelle atteinte,
Le mien premier blessé périrait le premier,
Et pour le moins l'Amour y mourrait le dernier.
Mais si cette amitié de ma gloire ennemie,
Ne peut s'entretenir qu'avec mon infamie,
Moins sensible à l'honneur qu'à l'ardeur de tes feux,
Voudrais-tu que j'aimasse où l'amour est honteux ?
Serait-ce pas me dire en ta fureur extrême,
J'ai fait un parricide à dessein que l'on m'aime ?
Car qui veut être aimé quand l'honneur le défend,
Ferait pour être aimé ce que le crime apprend.
Non, non, j'ai mérité votre haine indomptable,
Si d'un amour honteux je vous juge coupable ;
Et puisque vos soupçons me peignent à vos yeux
Comme un Prince cruel, comme un Prince odieux,
Exercez sur mon âme une force inhumaine,
Ôtez-moi votre Amour, donnez-moi votre haine,
Armez-la contre moi de toute sa fureur,