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PERVERSE

Au pesage, conduite par de Plombières, elle vit le roi Milan qui, derrière la bizarrerie de son nez de travers, regardait sans sourciller les bêtes et les gens.

L’allure du roi, si simple et si digne, lui plut souverainement, elle tenta un regard qui rencontra des yeux blasés d’homme qui se moque de l’amour et s’en tient à ses habitudes. Il fumait une cigarette comme un mortel de la plus modeste espèce ; et, sans aucune attention pour la galerie qui disait tout bas son nom, l’air ennuyé, las, seul, il semblait heureux de se frôler à la canaille aristocratique, financière et amoureuse, qui épiait ses gestes de roi.

Paula le suivit, escortée par de Plombières, elle le vit ponter sur Andrée, la pouliche de M. Lebaudy, elle paria, pareillement, sur l’écurie du baron de Schikler, en souveraine qui ne compte pas, livrant un match muet au roi détrôné, elle, la reine du million.

Andrée gagna, le roi Milan aussi.

Paula passa plusieurs fois aux côtés du