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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/142

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PERVERSE

— Mon cher, dit-il au mari de Paula, cette Mariette d’Anjou est un véritable petit trésor, un joyau de pur Saxe, un bibelot de roi. Très supérieure à ce qu’on appelle la femme galante, elle possède une petite fortune qui lui assure vingt mille livres de rente, elle méprise l’argent et sait aimer. Elle n’a pas eu de chance, la chère mignonne, elle aimait et était aimée d’un beau garçon qui la faisait heureuse, il est mort de cette influenza imbécile, l’an dernier. Depuis, Mariette vit simplement, à peine consolée, et ne veut point d’autres amants, de peur d’un dénouement, pareil à celui qui l’endeuille encore.

Et frappant de San-Pedro sur l’épaule :

— Tenez, mon cher ami, continua-t-il, voilà une femme comme, à votre place, j’en voudrais posséder une. C’est de cent coudées au-dessus des fillasses de vingt-cinq louis sur lesquelles vous vous roulez. La mort a tué le passé, et je suis sûr que l’avenir avec elle ne serait pas embêtant.

— Peut-être.