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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/149

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PERVERSE

raient sa femme, qu’il deviendrait bourgeois comme un épicier retiré des affaires, et qu’il pourrait se faire voler au bénéfice d’un marlou qu’il mépriserait.

Car, il voulait jouir de l’avantage du rôle, nouveau pour lui : Être l’honnête homme, le parfait imbécile, le beau cocu qui casque et ne voit pas que sa maîtresse se moque de lui et ne le tolère que parce qu’il l’entretient.

Il sentait que, de là, naîtrait la considération enviée. Il aurait le coup de chapeau des fournisseurs que lui-même règlerait.

Ah ! ce coup de chapeau des fournisseurs… qui voudrait dire à la galerie : regardez bien cet homme, c’est un homme chic qui paye les notes de sa maîtresse ; c’est un de mes clients, un client qu’on soigne.

Mariette d’Anjou était la maîtresse indiquée, la maîtresse souhaitée, parce que peut-être il ne l’avait guère pu posséder depuis la véritable passion de San-Pedro, cette passion jalouse et idiote qui n’apparaît qu’aux premiers symptômes de gâtisme physique.