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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/176

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PERVERSE

grande chambre tiède, à travers les vitres, elle regardait les gens passer sur la place Vendôme, vêtus des pardessus de l’automne précoce.

Parmi ces inconnus, elle choisissait, se plaisant à détailler quiconque, et à deviner ce que ce quiconque serait sur l’oreiller.

Elle aimait surtout à s’amuser au jeu des sentinelles faisant les cent pas devant l’hôtel de la Place, petits soldats culottés de rouge, emmitouflés de bleu, qui riaient à la Colonne noire, droite comme un cierge, au bout de laquelle Napoléon tremblottait dans sa capote de bronze.

Intriguée aussi par les soldats de toutes armes qui venaient à la Place, elle en demanda à un serviteur de l’hôtel l’explication.

— Ce sont des passagers, des soldats en permission qui viennent faire constater leur passage, ou viser leur permission.

Et, des zouaves calottés de rouge avec des airs vicieux et conquérants, des spahis encapuchonnés dans l’ampleur de burnous