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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/180

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PERVERSE

Ketty, dans sa chemisette de bébé, horriblement rouge, la bouche ouverte et pleine d’écume, râlait. Ses petits poings, crispés sur ses couvertures, ses yeux grands ouverts, tout ronds, sortaient des orbites, elle poussait des sons rauques, elle étouffait.

— Ah ! mon enfant ! mon enfant ! cria Paula, ma chère petite Ketty !

Elle l’avait prise dans ses bras, l’embrassait, la couvrait de caresses, buvait les larmes qui striaient à ses yeux.

— Allons, Ketty ! c’est moi, ta mère, ta mère chérie, qu’as-tu ? dis-moi, qu’as-tu ? mon enfant, mon cher petit enfant !…

S’étant retournée, elle vit la nourrice qui, la tête dans son tablier, sanglotait.

— Ah ! gueuse, s’écria Paula ; c’est toi qui m’as tué mon enfant !

Et reposant Ketty sur son lit :

— Ah ! tu me l’as tuée, mais tu vas mourir, de mes mains, de ces mains, tiens, tiens, tiens ! Ah ! tu me l’as tuée, misérable ! assassin !

Et tandis qu’elle frappait de toute la force