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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/179

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PERVERSE

de la femme collée à la vitre et qui unissait ses yeux à ses yeux, dans une communion presque charnelle, où il y avait un fluide jouisseur déjà, précurseur du plaisir plus grand, du plaisir total sous le magistral empire du vrai baiser.

Hypnotisée par la tentation, Paula voulait l’appeler et ne le pouvait pas. Malgré elle, immobile, elle n’avait pas le geste qui veut dire : « Viens que tu m’aimes. »

Tout à coup, elle se retourna, puis, s’éloigna de la fenêtre de quelques pas. On venait d’entrer chez elle.

C’était la nourrice de Ketty.

— Madame ! Madame ! criait la nourrice. Madame ! Ketty ! Madame…

Elle sanglotait.

— Ketty ! hurla Paula dans un de ces sublimes élans qu’ont toutes les mères à la perspective d’un danger au chevet de leur enfant.

Elle se précipita dans la chambre de sa fille.

Comme une folle, elle courut au petit lit.