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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/259

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PERVERSE

qui lui faisait craquer les os, elle avait demandé à l’heure charmeuse où les plaisirs nuancent les yeux de ciel et estompent de noir les paupières :

— Ne me tue pas encore, pour demain…

Le mâle était si terriblement son maître que la perverse Américaine sentit qu’il lui fallait être l’esclave soumise qui ne veut point lutter contre le tyran.

Chi-Long n’aimait pas Paula ; il avait appris à mépriser la femme et ne comprenait son utilité que pour la distraction qu’elle donnait.

L’homme parlait peu et parlait mal, mais il avait sur le visage l’air du despote qui veut être compris par ses moindres signes. En effet, il ressemblait au sauvage tyran qui a droit de vie et de joie sur tous ses sujets. Paula était la favorite brutalisée sur laquelle il régnait. Puissant et macabre, il tombait de tout son corps sur la délicate nervosité de la perverse qui, râlante et meurtrie, l’implorait pour des souffrances nouvelles qui laissaient des joies chanter