Aller au contenu

Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
PERVERSE

Il comptait les séances d’amour en comptant chaque bibelot.

Tout, autour de lui, avait été gagné à la sueur du corps de ses maîtresses offertes à d’autres mâles, et offertes par lui.

Il les avait exhibées, il les avait fait mousser, elles avaient produit. Elles avaient produit son luxe, elles avaient tué l’amour.

— Je suis un commerçant de chair, dit-il.

Il voulut rire, mais il eut un rire qui lui fit du mal.

— C’est vrai que j’engraisse, dit-il encore.

Et il tira son gilet sur son ventre.

— Tout me dégoûte !

Ses bras tombèrent sur ses genoux et il s’endormit.

Et pendant que Gaston de Plombières se saoûlait d’ennui dans le petit hôtel de la rue de Chazelles, Margot de Belaire et Raoul de Saint-Croze, bien enfermés dans la garçonnière de la rue Fortuny, s’aimaient à tire-larigot et cocufiaient la comtesse à tour de bras.