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Page:Du Saussay - Perverse, 1896.djvu/288

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PERVERSE

Il s’écroula dans un fauteuil du salon, au rez-de-chaussée, n’ayant pas le courage de monter dans sa chambre, dans leur chambre, celle de Margot et la sienne.

Cependant il était riche, il avait au Crédit Lyonnais, en rentes et en actions solides, plus d’un million, la grosse et suffisante somme, et il n’avait pas une femme à côté de qui dormir.

Son abominable vie de souteneur ne lui rapporterait donc pas la bonne satisfaction ? Oui, sa fortune lui venait des femmes, de femmes qu’il avait aimées, et puis… Gavé d’or, il n’avait plus même les jouissances cueillies au temps de son infâme métier.

Le parvenu d’amour jeûnait d’amour bon.

Et ses yeux passaient sur chacun des objets qui l’entouraient : ce fauteuil où il reposait représentait une heure de la vie de Suzanne ; ce canapé, là, plus loin, une heure de Mariette ; ce tableau de Meissonier avait été acheté chez Petit avec de l’argent emprunté, et pas rendu, à Paula.