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PERVERSE

je ne suis pas malade, fatiguée un peu seulement, mais vos caresses me guériront…

— Attends que je quitte mon sabre et ma tunique.

— Non, dit-elle tout bas dans son oreille, non, reste comme tu es là, en soldat.

— Quelle idée ! mais c’est embarrassant comme tout ! Oh ! si ça te fait plaisir, après tout…

Et il but à ses lèvres, à ses pauvres lèvres si minces, si fines, si pâles !

Tout de suite emballé, le soldat de vingt ans, robustement, l’empoigna et la coucha sur le canapé.

Le plaisir fut grand, autant qu’il fut violent. Ils n’eurent pas à la bouche de paroles d’amour ; ils n’y pensaient pas, ni l’un ni l’autre ; ils s’étaient resserrés pour le plaisir, pour la joie, pour la brutalité seule.

Il la prit plusieurs fois, fortement toujours, satisfaisant son appétit, se rassasiant de bonheur, comme l’affamé qui s’assied à une table, garnie de victuailles, s’en met