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PERVERSE

sante, et sa douceur, sa façon gentille de lui dire :

— Suzon, prête-moi un louis.

Il se fit le barnum de la chanteuse, et, tous deux, après s’être estimés à leur juste valeur, partirent pour l’Amérique du Nord, avec une collection d’affiches de toutes les couleurs qui promettaient, en grosses lettres, à ceux qui voudraient entendre la divette parisienne Suzanne de Chantel, le plaisir d’admirer une des plus belles voix du monde et la joie de contempler la plus belle créature de Paris.

C’est ainsi, qu’ils arrivèrent à Chicago.

M. Johnson avait été un des premiers à s’offrir la « belle Parisienne » ; car celle-ci ne chômait guère, nombreux étaient les amateurs ; elle s’ouvrait aux plus offrants et donnait des numéros.

Ses affaires allaient à merveille.

La présentation de Plombières à M. Johnson se fit un soir, tout naturellement. Ce dernier étant entré sans frapper dans la loge de Suzanne, trouva le marquis à ses genoux