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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/11

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NOTICE

ville, construit vers le même temps par les soins du ministre Georges d’Amboise, frère de Jacques, abbé de Cluny, portent l’empreinte toute spéciale du caractère d’architecture de cette époque de transition, avec les modifications successives, résultant de la présence en France, mais seulement après les premiers travaux, d’habiles artistes étrangers, comme Joconde, venu en 1499[1].

  1. D’après la position en cour de la famille d’Amboise, on peut supposer que l’architecte du roi aura été au moins consulté pour les travaux complémentaires, dont le style est entièrement différent de celui des premiers.

    Il y a d’ailleurs beaucoup d’analogie entre la disposition des lucarnes de l’hôtel de Cluny et celle de l’ancien palais de la chambre des comptes, que Joconde construisit de 1499 à 1506, époque où il retourna à Vérone sa patrie. (Voir la note I.) Ce palais, dont on peut se faire une juste idée par les gravures qui en ont été faites, présentait dans sa partie supérieure un aspect analogue à celui de l’hôtel de Cluny. Sur la façade étaient placés dans des niches, les quatre vertus cardinales, et au milieu Louis XII revêtu de ses ornements royaux, avec sa devise : Un porc-épic, et les mots : Et Eminus et Cominus ; à droite était un escalier couvert semblable à celui, voisin, de la Sainte-Chapelle.

    Rabelais fait allusion à ce palais, où il loge « les Apedeftes (gens non lettrés), et d’où l’on voit les fascheuses demeures de Grippe-minaud et des chats fourrés (le Palais de Justice) » en disant : « Pantagruel fut en grande admiration de la structure de la demeure et habitation des gents du pays ; » et plus loin : « car ils démolirent en un grand pressoir auquel on monte près de 50 degrés. » Il y en a 46 pour monter aujourd’hui à la grand’chambre de la cour des comptes.

    Il peint d’ailleurs les maîtres des comptes, « comme de gros pendars ayant les mains longues comme jambes de grues et