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NOTES.

coup d’autres, provenant du même château et dont l’accord avec la grande fontaine a été restitué sur le papier, dans le beau Voyage pittoresque de MM. Taylor, de Cailleux et Nodier, fut soustrait au marteau des démolisseurs, par les soins éclairés de M. Lenoir, qui se proposait de faire replacer successivement dans la même cour de son Musée les trois autres facades, dont les matériaux, transportés également à Paris, sous sa direction,

    trop brusque du style grec, peu convenable, d’ailleurs, en fait de toiture surtout, dans notre climat pluvieux.

    Quant à la date de 1505, nous l’avons bien trouvée récemment sur un des pilastres de Gaillon non encore employé, au milieu d’arabesques enlaçant une mitre, des clefs et un siège épiscopal, de bon goût ; mais, n’indique-t-elle pas rationnellement l’époque de l’achèvement de l’édifice, plutôt que celle de son commencement ? À ce dernier compte, George d’Amboise, qui mourut à Lyon en mai 1510, n’aurait jamais pu habiter Gaillon, dont l’ancien château fat détruit en 1423, et où cependant la trace de son séjour est conservée. On y cite encore ses bienfaits, notamment envers ce gentilhomme dont il dota généreusement la fille, par la remise d’une somme égale au prix qu’il lui demandait, dans ce but, d’une terre voisine de la sienne qu’il le força de conserver. L’histoire a consacré ce trait et ce mot : « J’aime mieux acquérir un ami qu’un domaine. »

    On montre d’ailleurs encore, dans la prison de Gaillon, le cabinet qu’occupait George dans sa belle résidence. Il est vrai qu’il n’est guère reconnaissable, non plus que la grande galerie dont la vue domine un si beau pays.

    Tandis que nous prenons la liberté grande d’argumenter avec les maîtres, demandons à M. Nodier, dont la vaste et pénétrante érudition fait autorité en tout, comment il entend qu’Androuet du Cerceau ait pu, ainsi qu’on le dit dans la belle description de la Normandie, travailler avec Joconde au château de Gaillon. Nous connaissons bien les gravures publiées sur cet édifice par cet architecte d’Henri III et d’Henri IV, mais c’est nécessairement à cette description, sinon à des travaux bien postérieurs au séjour de Joconde en France, que s’est réduite cette collaboration. Quelque incertitude que l’on ait sur les époques de la naissance et de la mort d’Androuet du Cerceau, qu’un scrupule religieux détermina, comme protestant, à terminer ses jours hors de France, il y aurait en présence deux dates, qu’il n’est guère permis, même à un adulte, d’embrasser — 1505 — Gaillon, et la grande galerie du Louvre, 1596.