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Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/126

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NOTES.

FRAGMENTS DU CHATEAU DE GAILLON,

ANCIEN MUSÉE DES MONUMENTS FRANÇAIS.


(D), page 11.

On voit encore dans la première cour de l’École des Beaux-Arts, à Paris, une des quatre façades du beau château de Gaillon, que George d’Amboise, le Médicis français, fit construire[1]. Ce fragment, ainsi que beau-

  1. La construction de cet édifice, que nous ne pouvons juger que sur un échantillon, est généralement attribuée à l’architecte italien Joconde, que Louis XII appela en France, en 1499. Cependant M. Émeric David, dans son article biographique, d’ailleurs fort complet, sur le savant Fra Giocondo, objecte d’une part : « que les formes encore gothiques du château de Gaillon sont bien éloignées du style que les bons architectes italiens avaient déjà mis en vogue vers le même temps ; » et d’autre part : « qu’il n’est pas vraisemblable que Joconde, reparti pour l’Italie en 1506, ait pu construire ce château en 1505. »

    À cela, nous répondrons, en soumettant notre opinion aux maîtres de l’art, et à ce titre, à M. Émeric David lui-même, que les formes de Gaillon ne sont pas plus gothiques que celles de l’ancien palais de la Chambre des comptes de Paris, détruit dans l’incendie de 1737, mais dont la gravure nous a conservé le tourillon à trompe, ou volute renversée, l’escalier couvert, presque semblable à celui voisin et tout gothique de la Sainte-Chapelle, les grands combles et les hautes lucarnes, de même style que celles de l’hôtel de Cluny et du palais de justice de Rouen. Nous ajouterons que ces formes sont beaucoup moins gothiques que les retombées en ogive et les culs-de-lampe dorés à l’or de ducat des plafonds qui existaient encore, il y a vingt ans, de la grande salle, dite dorée, du parlement de Paris. Or M. Émeric David fait honneur à Joconde de ces travaux exécutés, les derniers par un menuisier italien nommé Hancy, mais toujours sur les dessins et sous la direction de l’architecte italien, qui n’aura sans doute pas voulu heurter le goût français par l’adoption