Page:Du Sommerard - Notices sur l’hôtel de Cluny et le palais des Thermes.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
NOTES.

année mourut l’un de nos premiers et de nos plus illustres artistes, Jean Cousin. Le débat est entre 1550 et 1589, intervalle assez long pour une vie si bien remplie, qui devait se manifester au moins chaque année par de nouveaux ouvrages. Que si, découvrant dans une des vingt magnifiques verrières de la cathédrale d’Auch, le nom d’Arnault de Mole avec la date v cens xiii[1], ce qui reporte le commencement de leur exécution au moins en 1500, vous espériez pouvoir suivre une trace bien précieuse, qui eût placé l’école française du commencement du 16e siècle, presque au niveau de ce qu’était alors l’école italienne, déjà célèbre par ses Léonard de Vinci, Perrugino, Ghirlandaio, André Verrochio, etc. : vain espoir, ce nom français, si français, d’Arnault de Mole, ne se trouve nulle part, et il eût suffi de la pierre d’un gamin pour plonger dans une nuit éternelle la mémoire de celui qui consacra toute une vie d’artiste à ces grands et beaux travaux. Même silence dans nos annales sur le compte de notre Claude de Marseille et de notre frère Guillaume[2], que Jules II, qui se connaissait en

  1. Plusieurs de ces panneaux représentent des sibylles en rapport de composition, quant aux accessoires surtout, tant avec le vitrail de la sibylle de Tibur, peint plus tard par Jean Cousin, pour un village près de Sens, sa patrie, qu’avec les grandes figures de saintes du sanctuaire de la chapelle de l’hôtel de Cluny.
  2. Le Bramante, chargé par le pape Jules II d’orner de vitraux peints au feu quelques fenêtres du Vatican, s’étant souvenu d’avoir vu chez l’ambassadeur de France une peinture merveilleuse de ce genre (c’est l’expression de Vasari), en appela l’auteur à Rome : c’était Claude, qui amena avec lui frère Guillaume. Ce dernier s’était fait dominicain pour assoupir une affaire fâcheuse. Claude mourut au bout de quelques années, mais après avoir laissé de beaux témoignages d’un talent peu cultivé alors en Italie. Guillaume redoubla d’efforts pour justifier les encouragements qu’il reçut du cardinal de Cortone et de la république d’Arezzo, dont il reçut un domaine en reconnaissance de ses beaux travaux à la cathédrale et à l’é-