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NOTES.

du moins ces premières semences de liberté qui, pour avoir germé long-temps, n’en ont pas moins reçu plus tard, et jusqu’à l’abus, leur plus complet développement.

Le bien-être de ce peuple[1], jadis esclave, est aujourd’hui, par l’effet de la division des terres, et du prodigieux essor de l’industrie, à peu près général, et menace même de devenir universel. Mais est-il réellement senti par ceux qui en jouissent, et dont les exigences grandissent sans doute avec leurs satisfactions ? Partisan du progrès en toutes choses, nous applaudissons à celui-ci, en confiant au temps le soin de nous apprendre ce qu’il en adviendra en l’absence d’une grande pondération.

Le bon vieux temps nous paraît donc et moins regrettable et moins coupable qu’on ne le dit et qu’on ne le fait. Qu’il nous soit permis seulement de jeter quelques fleurs sur sa tombe, en commémoraison de vertus primordiales et de principes sociaux, dont la lime de la civilisation et le frottement du temps ont usé les ressorts, et que repousse à jamais notre amour du positif et du progressif.

Nous regrettons, par exemple, cette religion de la parole[2], cette franche bonne foi dans les relations pu-

    Rosbec, pour restreindre, d’abord insensiblement, les libertés municipales de la France. N’est-ce pas encore ce que nous avons vu de nos jours ? De tout temps la sédition riva les fers qu’elle ne put briser.

  1. Il y a bien encore en France peuple et peuple, peuple à teinte claire ou sombre, propriétaire ou journalier et mendiant, nageant dans l’aisance ou mourant de faim, et ce dernier dans une fâcheuse proportion ; mais l’amélioration, qui tend toujours à s’accroître, n’en est pas moins un fait constant.
  2. « Nulle autre loi que celle de la chevalerie, dit Sainte-Palaye, tome Ier, page 67, n’insiste avec autant de force sur la nécessité de tenir inviolablement sa parole, et n’inspire tant d’horreur pour le mensonge et la faus-