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NOTES.

femmes, et qui, voyant Diane à soixante-six ans, la trouva belle encore, et si belle Que je ne sache, dit-il, cœur de rocher qui ne s’en fût ému ; monument mutilé de nos jours, mais encore assez vivant, par ses beaux débris, pour qu’à l’aide, d’ailleurs, de sa façade, placée à l’École des Beaux-Arts, et de ses sculptures classées au Louvre, l’imagination puisse réédifier ce temple de l’amour[1].

Chenonceaux, autre résidence de cette enchanteresse, qui vient si souvent se placer dans nos descriptions comme dominant une époque célèbre par les arts, qu’elle encouragea noblement ; gage de paix entre une reine et la favorite, et remarquable encore aujourd’hui par les soins religieux apportés à sa conservation, et par les sacrifices et le goût éclairé de ses affables propriétaires pour sa complète restauration[2].

  1. Ce qui subsiste de l’œuvre de Philibert de Lorme, et que conserve avec soin le propriétaire actuel, M. Passi, consiste en un beau portique revêtu de marbres, servant d’entrée, et que surmontaient les riches accessoires en bronze de l’horloge, des chiens lancés sur un cerf qui frappait les heures ; il reste en outre deux chapelles, dont une, à portail sculpté, renfermait le tombeau de Diane, quelques parties du bâtiment dépendant de la chancellerie, les fossés, les beaux murs d’enceinte, et quelques pièces d’où sortent des cheminées de bon goût. Tout en gémissant sur ces ruines, nos regrets s’atténuent par l’idée que, déjà lors de l’occupation de ce château par les ducs de Vendôme et de Penthièvre, on en avait, comme partout, dénaturé la belle disposition primitive par des bâtisses discordantes.
  2. Thomas Bohier, intendant des finances sous Charles VIII et ses deux successeurs, semblerait avoir apporté un sentiment tout financier dans la construction et la continuation de ce château, si cette devise qu’on retrouve partout : s’il vient à point, il m’en soverra (souviendra) exprime, eu d’autres termes : si je le termine, je serai ruiné. Le connétable de Montmorency l’eut ensuite ; puis Diane, à qui il servit de rançon près de Catherine de Médicis, qui fit construire par du Cerceau la galerie qui couvre tout le pont jeté sur le Cher. Les cuisines sont dans une des piles de ce pont. De Louise de Vaudemont, épouse d’Henri III, il passa dans la maison de Vendôme. Acquis par M. Dupin, il a trouvé dans madame et