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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/148

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blent exercer leurs ravages dans tous les pays ; le fléau suit une marche croissante. Les contrées les plus atteintes sont certainement celles de langue française. L’influence de la mauvaise littérature se fait surtout sentir au sein de la jeunesse ; le poison agit plus dans les villes de second et troisième ordre et en province, que dans les capitales. Là, la démoralisation existe en dehors des mauvais livres ; ceux-ci l’entretiennent plutôt qu’ils ne la provoquent ; le foyer s’alimente de lui-même et les mauvaises lectures y font par elles-mêmes moins de ravages qu’on ne pourrait le supposer, parce que le mal est immense. Cela tient aux conditions particulières dans lesquelles se trouvent les jeunes gens dans les grandes villes. Là les faits priment les livres. Ce qu’on voit et ce qu’on entend dépasse en immoralité ce qu’on pourrait lire. Les théâtres, les bals publics, les ateliers sont une école où l’on peut tout apprendre. Les excitations de la rue, le luxe des femmes du demi-monde qui s’affichent scandaleusement, les sollicitations directes au mal par des jeunes gens désœuvrés qui guettent les jeunes filles à la sortie des magasins ou de l’ouvroir, les appels à la débauche des femmes