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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/190

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soit en général si pauvre en ouvrages irréprochables pour la jeunesse. Quand on examine de près tous ces livres destinés au jeune âge, on constate que du fumier de Rabelais découle encore une eau fétide dont ce genre d’ouvrages est aussi infecté. En parcourant tel livre élégamment écrit, vous êtes tout à coup blessé de rencontrer une veine rabelaisienne. Vous avez eu l’intention de le donner à une jeune personne, à un adolescent, et vous le rendez au libraire.

Les auteurs français d’ailleurs, on l’a remarqué, écrivent peu pour les jeunes filles ; ils n’écrivent que pour les demoiselles déshonnêtes ou les femmes mûres. Ils n’oseraient dépeindre l’innocence, décrire une affection légitime, et s’ils tombent dans l’idylle, ils la poussent si loin que la naïveté devient cynique. Heureusement que pour cette classe de lecteurs il nous vient d’Amérique et d’Angleterre une foule de bons ouvrages qui, aussitôt parus, sont aussitôt traduits.

Les bibliothèques populaires doivent contenir une section destinée à la jeunesse. Les livres d’enfants ne sont pas faciles à choisir. Il faut qu’ils forment non seulement le caractère du