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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/198

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auteurs qui consentît à écrire un livre populaire. Cette noble tâche est toujours abandonnée chez nous à des écrivains sans réputation et sans talent, qui offensent les ouvriers en affichant la prétention de les instruire, ou se rendent ridicules à leurs yeux en leur empruntant leurs idées et jusqu’à leur langage. La vérité est qu’il n’y a pas d’autre précepte du genre que de parler la plus belle langue française et d’exprimer constamment les sentiments les plus naturels et les plus nobles. L’art d’enseigner ne consiste pas à descendre au niveau de son auditoire, mais à l’élever jusqu’à soi.

« Nous parlons de l’instruction d’une manière générale et sans entrer dans le détail des doctrines qui devraient être inculquées aux ouvriers. C’est d’abord que l’instruction est bonne par elle-même. Elle fortifie l’esprit comme le travail et l’exercice fortifient et développent le corps. Elle inspire à celui qui la possède la confiance en ses propres forces, qui est le commencement de la virilité. Les ouvriers, dans leurs jours d’irréflexions et de colère, accusent le travail d’être une sorte d’esclavage ; il n’y a d’autre esclavage que l’ignorance, car c’est être esclaves