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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/197

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« Si un ouvrier veut lire, dit M. Jules Simon[1] ; il faut que ce désir lui vienne de lui-même, car personne, de près ou de loin, ne songe à le provoquer. Que lira-t-il ? Les seules publications qui s’offrent sont des livraisons à un sou et à deux sous. Il est obligé de choisir au hasard. On se récrie contre l’immoralité d’un grand nombre de ces publications. Mais il n’y a qu’un moyen, chez un peuple libre, d’empêcher la propagande du mal : c’est de faire en grand la propagande du bien. Plusieurs de nos gouvernements ont eu l’idée de faire des bibliothèques communales. Est-ce bien l’affaire du gouvernement ? Résistera-t-il au désir de donner à ses publications un caractère politique ? Quelle sera sa compétence littéraire, religieuse, philosophique, pour choisir des livres ? Les commandera-t-il ? c’est le moyen le plus infaillible de les avoir mauvais. On croit trop, en général, qu’il ne faut donner au peuple que des livres écrits tout exprès pour lui. Au moins, en Angleterre, en Allemagne, on confie ces livres aux meilleurs esprits, aux plumes exercées. Mais il n’y a pas un seul de nos grands

  1. L’Ouvrière, p.433.