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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/208

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de l’école apporter un livre qui remplissait les longues soirées d’hiver ; il écoutait, fier d’apprendre et de comprendre par son enfant ce que jusque-là il avait ignoré ; et si on lui eût dit alors que l’école était inutile, il aurait ri sentant en son fils une force nouvelle dont il devinait vaguement la puissance.

Ce seul fait de l’éducation par l’enfant était à coup sûr le meilleur et le plus beau résultat des bibliothèques scolaires ; mais comment continuer cet enseignement sans modifier ou renouveler fréquemment les ouvrages qui les composent ? Dans toute famille un peu nombreuse, un premier enfant épuise rapidement tous les livres, et ses frères plus jeunes restent sans influence sur les parents et sans stimulant personnel. Voilà pourquoi l’œuvre des bibliothèques scolaires, dont l’extension avait été très rapide, est demeurée stationnaire dans certaines localités. Les rapports des inspecteurs d’académie sont concluants sur ce point. C’est à l’insuffisance des ressources pécuniaires qu’il faut attribuer ce fatal arrêt. L’État depuis longtemps consacre 120, 000 francs à des acquisitions de livres ; même depuis 1878 il donne 200, 000 francs par an. Mais ces