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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/21

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tième pour notre coupable nation, si des crimes aussi sanglants et encore plus déraisonnables, si des actes de folies furieuses ont mis Paris à feu et à sang, croyez bien qu’une lourde part de responsabilité dans ces crimes retombe sur de mauvais livres. »

Un peuple ainsi corrompu jusqu’à la moelle ne se relève pas de sitôt. Ici se présente un cercle vicieux : un peuple est corrompu par de mauvais livres ; il faut de mauvais livres à un peuple corrompu, et pour flatter ses bas instincts la littérature se maintient basse. Si par hasard un auteur a l’honnête intention de donner au public un livre qui préconise le mariage, la famille, n’entend-on pas le peuple avili crier au scandale et lui dire, « faites-nous plutôt, nous vous en prions, trente romans en faveur de l’adultère. À force d’imagination, rendez-les un peu amusants. Vous serez bien mieux reçu. » Ainsi il arrive que des auteurs qui valent moralement bien plus que leurs livres condescendent à écrire pour de l’argent des ouvrages dont ils rougissent, peut-être, au fond de leur âme.

Et quelle place considérable n’ont pas pris au théâtre les pièces légères et immorales ! Cela