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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/22

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est d’autant plus regrettable que, de nos jours, surtout en France, la passion du théâtre a pris des proportions immenses. On y multiplie les spectacles et quels spectacles ! On pourrait presque lui appliquer le mot que l’empereur Julien prononça en parlant d’Antioche : « On y voit tant d’acteurs, danseurs, sauteurs, joueurs d’instruments qu’il y a plus de comédiens que de citoyens ; » ou encore dire des Français ce que Juvénal disait des Romains : « Ce peuple si supérieur aux autres peuples, qui donne le ton de l’élégance et des grâces, des sciences et des arts, de la littérature et de la parure, après avoir vaincu le monde est, à son tour vaincu par la comédie et borne tous ses désirs à avoir du pain et des théâtres. »

De même qu’à la fin du siècle dernier les Mercures, les feuilles de Desfontaines, de Fréron et de La Porte transmettaient à la postérité les faits importants du monde dramatique, les journaux contemporains célèbrent à l’envi les débuts d’une actrice et apportent dans leurs éloges une exagération ridicule ; on parle dans la presse de la première représentation d’une pièce comme d’une solennité académique et l’on raconte le voyage