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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/247

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Déjà à la fin du siècle dernier les estampes licencieuses s’étalaient d’une façon si publique le long des quais et sur les boulevards de Paris qu’un auteur du temps s’écrie indigné : « Artistes ! pourquoi renoncez-vous à la gloire ? Pourquoi voulez-vous livrer vos noms à l’infamie ? Ce qui est décent, voilà ce qui subsiste, voilà ce que vos enfants pourront avouer.

« On a beaucoup sévi contre les livres philosophiques, lus d’un petit nombre d’hommes, et que la multitude n’est point en état de comprendre. La gravure indécente triomphe publiquement. Tout œil en est frappé, celui de l’innocence se trouble et la pudeur rougit. Il est temps de reléguer sévèrement dans les portefeuilles des marchands ce qu’ils ont l’impudence d’étaler au dehors même de leurs boutiques. Songez donc que les vierges et les honnêtes femmes passent aussi dans les rues[1]. »

Les mauvais livres sont fréquemment colportés ; la loi en France a toujours mis un frein à ce moyen de propagande ; hélas ! plus souvent pour des motifs politiques et religieux que sous le point

  1. Tableau de Paris, tome vi, page 92. Paris, 1788.