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Page:Du danger des mauvais livres et des moyens d'y remédier.djvu/284

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certainement peu propre, fut remplacé au commencement de ce siècle par un procédé qui pour n’être pas plus rapide était au moins plus profitable : le pilon — c’est-à-dire que les écrits condamnés à la destruction, après avoir été lacérés ou coupés, en bandes très étroites, étaient soumis à l’action puissante de marteaux qui les réduisaient peu à peu en pâte.

De nos jours la méthode de destruction est bien plus perfectionnée et simplifiée, à Paris du moins. Tous les deux ou trois mois, le greffe et la préfecture de police envoient à ce qu’on appelle toujours par tradition le pilon, des monceaux de papiers hors d’usage et inutiles à conserver dans les archives. On les transporte à Saint-Denis chez un fabricant de carton auquel ils sont vendus pour un prix déterminé par cent kilogrammes. Les écrits à détruire sont placés dans des sacs soigneusement scellés et transportés à l’usine sous la garde d’un fonctionnaire et d’inspecteurs de police. Pesés au départ et repesés à l’arrivée, pour qu’on puisse constater si aucune perte ou soustraction n’a été faite en route, les livres et les papiers sont précipités dans une cuve immense, remplie d’eau et d’agents chimiques